09/05/2025 francesoir.fr  25min #277402

 Comprendre les frameworks, outils pour structurer, influencer et coordonner- partie I

Les usages modernes des frameworks dans la gestion de l'information : redéfinir la vérité et la prise de décision

Xavier Azalbert, France-Soir

Les usages modernes des frameworks dans la gestion de l'information : redéfinir la vérité et la prise de décision

Résumé : Troisième d'une série de quatre, cet article dissèque comment les frameworks modernes, ces outils d'organisation et d'influence, manipulent l'information pour façonner vérités et décisions. Historiquement ancrés, ils sont aujourd'hui dopés par les algorithmes GAFAM, qui orchestrent une capture psychologique via des « règles de la communauté » et des boucles d'émotion, étouffant l'esprit critique.

Ces systèmes privilégient la conformité de groupe, reléguant la vérité à un consensus biaisé, comme dans un Truman Show numérique. La section sur la capture psychologique expose comment les vérités collectives écrasent la réflexion individuelle, engendrant une apathie sociale où l'erreur n'est ni reconnue ni source d'apprentissage, mais masquée par une transparence illusoire.

Cette dynamique, nourrie par une culture de l'efficacité et un management allergique à l'échec, paralyse la créativité et la diversité des pensées. Face à cette machine à conformer, un sursaut s'impose : réhabiliter l'esprit critique, oser dire « non », et cultiver une réflexion lente pour échapper à la prison des vérités négociées.

Article

Cet article est le troisième volet d'une série dédiée aux frameworks, ces cadres méthodologiques qui structurent nos sociétés, nos pensées et nos décisions. Dans le premier article, nous avons  retracé leur histoire, des stratégies de Sun Tzu aux outils numériques comme MITRE ATT&CK, en passant par les réformes éducatives de Jules Ferry. Le second a exploré  la tension entre l'unicité humaine – son désordre, sa pluridisciplinarité, sa « folie » – et la « normatisation » imposée par ces cadres, qui menacent notre créativité et notre non-linéarité.

Ce troisième volet se penche sur les usages modernes des frameworks dans la gestion de l'information, où des approches systématiques et probabilistes redéfinissent notre rapport à la vérité et à la prise de décision. Dans un monde saturé de données, des cadres comme DISARM, conçus pour contrer la désinformation, façonnent des narratifs officiels et des « vérités de groupe », souvent au détriment de la connaissance authentique. En exploitant les biais cognitifs, ces outils, loin de libérer, agissent comme des « fils barbelés » ou des « ondes électroniques », capturant les esprits dans un éclos normatif. Les modèles de VUCA, BANI, et RUPT révèlent un monde trop complexe pour les schémas décisionnels traditionnels, tandis que la pollution informationnelle et l'information en situation incomplète aggravent les biais.

À travers des exemples comme le vote de l'obligation vaccinale en juillet 2021, où des fausses assertions ont biaisé les décisions, et en s'appuyant sur France-Soir ( L'information, c'est le pouvoir au peuple,  VUCA, BANI et bannis,  debriefings sur Peter McCullough et  Olivier Frot docteur en droit), nous verrons comment ces cadres, soutenus par des acteurs comme McKinsey, uniformisent l'information, souvent contre l'intérêt public. Le prochain article explorera comment résister à ces cadres pour préserver la liberté, la vérité et la dissension.

Un monde en mutation : VUCA, BANI, RUPT et l'obsolescence des processus décisionnel traditionnels

Imaginez un océan déchaîné, où les vagues d'information s'écrasent sans répit : réseaux sociaux, chaînes d'information en continu, algorithmes qui amplifient le bruit, polarisent les esprits, et noient la vérité. Nous vivons dans une ère où l'information, autrefois rare, est devenue une tempête incessante, portée par des crises rapides – pandémies, conflits géopolitiques, dérèglements climatiques. Cette complexité croissante rend les schémas décisionnels traditionnels – planifier, prévoir, exécuter – aussi obsolètes qu'une boussole dans une tempête magnétique. Comme le souligne l'article «  VUCA, BANI et bannis par la méthode : coups et blessures », les modèles VUCA, BANI, et RUPT tentent de cartographier ce chaos, révélant non seulement l'inadéquation des approches linéaires, mais aussi les défis d'une information manipulée.

  • VUCA, né dans les années 1980 à l'US Army War College, décrit un monde marqué par la Volatilité (changements brusques, comme les krachs boursiers), l'Incertitude (imprévisibilité des crises), la Complexité (interconnexions globales, comme les chaînes d'approvisionnement), et l'Ambiguïté (manque de clarté, comme dans les narratifs sanitaires). Utilisé par les entreprises pour naviguer la disruption numérique ou la crise financière de 2008, VUCA a montré ses limites face à des bouleversements plus profonds, où l'information elle-même devient une arme. Par exemple, lors de la pandémie de covid-19, les gouvernements ont utilisé VUCA pour planifier les confinements, mais les narratifs contradictoires sur les masques ou les vaccins ont révélé son incapacité à gérer la désinformation.

  • BANI, proposé par Jamais Cascio, va plus loin, capturant l'essence d'un monde numérique : Brittle (systèmes fragiles, comme les infrastructures cybernétiques ou un monde bien plus incertain que l'on ne le pensait), Anxieux (angoisse face à l'incertitude, comme lors des confinements), Non-linéaire (événements imprévisibles, comme les cyberattaques), Incompréhensible (vérités opaques, comme les contrats vaccinaux). Ce cadre, plus adapté à l'ère des algorithmes, reflète l'anxiété d'une société submergée par des narratifs contradictoires. En 2020, BANI aurait pu guider la gestion des campagnes vaccinales, mais les narratifs officiels, amplifiés par des cadres comme DISARM, ils ont permis d'étouffer les débats scientifiques, renforçant l'opacité. France-Soir critique ces cadres rigides, qui ignorent la non-linéarité essentielle à la vérité, cadre et même empêche la créativité ou l'unicité, enfermant les gens dans une vérité de groupe.

  • RUPT, avec ses dimensions Rapide (crises éclairs, comme les scandales viraux), Imprévisible (événements imprévus, comme les cyberattaques), Paradoxal (solutions contre-intuitives), et Tangled (systèmes enchevêtrés, comme les réseaux sociaux), met l'accent sur la vitesse et l'interconnexion. Utilisé en prospective stratégique, RUPT a aidé à anticiper des crises comme les tensions en Ukraine (2022), mais il échoue à contrer la désinformation et ses dérives, où les narratifs normés dominent les faits. Par exemple, les rapports sur les laboratoires biologiques ukrainiens, taxés de « complotistes », ont été marginalisés par des cadres comme DISARM, ainsi que l'origine du virus ou encore l'efficacité des traitements précoces contre la covid.

Ces modèles montrent que le monde a muté : les approches linéaires, héritées de l'ère industrielle, s'effondrent dans un chaos non linéaire. Pourtant, au lieu de favoriser la véritable connaissance, des cadres et de chartes de déontologies censés assister à gérer l'information, imposent des vérités préfabriquées, exploitant notre désarroi face à l'incertitude.

Comme une vague qui emporte tout, ce chaos informationnel appelle des outils nouveaux, mais ces outils, loin de guider, risquent de nous enchaîner, transformant l'information en un outil de contrôle plutôt qu'un pouvoir au peuple.

DISARM : un framework pour façonner les vérités de groupe

Dans cet océan d'information, DISARM (Disinformation Analysis and Risk Management) se dressait comme un phare, promettant de guider à travers la tempête de la désinformation. Introduit dans l'article précédent comme une matrice normative, DISARM est un cadre méthodologique conçu pour identifier, analyser, et neutraliser les campagnes de désinformation. Mais ce phare projette une ombre inquiétante : loin de protéger la vérité, DISARM devient un outil de contrôle, tissant des vérités de groupe qui étouffent la connaissance authentique, comme le dénonce France-Soir dans «  L'information, c'est le pouvoir au peuple ». Pour comprendre cette ambivalence, plongeons dans ce qu'est DISARM, comment il fonctionne, qui l'utilise, et comment il redéfinit notre rapport à la vérité.

Qu'est ce que c'est

DISARM est un cadre open-source, développé à partir de 2019 par des experts en cybersécurité et en analyse de l'information, notamment via le Cognitive Security Institute et des collaborations avec des ONG comme le Global Engagement Center du Département d'État américain. Inspiré de cadres comme AMITT (Adversarial Misinformation and Influence Tactics and Techniques), DISARM vise à cartographier les tactiques, techniques, et procédures (TTP) des campagnes de désinformation, qu'il s'agisse de fake news, de propagande, ou de narratifs polarisants. Sa structure repose sur une taxonomie détaillée, divisée en trois piliers : acteurs (qui propage la désinformation ?), tactiques (comment ? ex. : amplification, faux comptes), et contenus (quoi ? ex. : narratifs, mèmes). Cette approche systématique, héritée des frameworks de cybersécurité comme MITRE ATT&CK, vise à rendre la désinformation prévisible et neutralisable. DISARM se veut un outil universel, adaptable à des contextes variés, des élections aux crises sanitaires.

 disarmfoundation.github.io

Comment il fonctionne

DISARM opère en trois étapes : identification, analyse, et neutralisation.

  • Identification : les algorithmes scannent les réseaux sociaux, les médias, et les plateformes numériques pour repérer des signaux de désinformation, comme des pics de contenu viral ou des mots-clés polarisants (ex. : « vaccin dangereux »). Ces algorithmes, probabilistes, s'appuient sur le Big Data pour détecter des anomalies, comme des campagnes coordonnées.
  • Analyse : les signaux sont classés selon la taxonomie DISARM. Par exemple, un mème critiquant les vaccins pourrait être étiqueté comme « tactique de polarisation » ou « contenu de défiance ». Des analystes, souvent aidés par l'IA, évaluent l'impact potentiel (ex. : viralité, audience ciblée).
  • Neutralisation : des mesures sont prises, comme la censure (suppression de contenu), la dépriorisation (réduction de visibilité), ou la contre-propagande (amplification de narratifs officiels). Ces actions s'appuient sur des partenariats avec les GAFAM, qui ajustent leurs algorithmes pour limiter la portée des contenus ciblés.

Cette approche systématique structure l'information en catégories claires, tandis que l'aspect probabiliste prédit les risques via des modèles statistiques. Par exemple, DISARM peut estimer la probabilité qu'un narratif anti-vaccin devienne viral, en analysant les données historiques et les comportements en ligne. Ces modèles, bien que sophistiqués, réduisent la complexité humaine à des probabilités, ignorant la non-linéarité des idées, célébrée dans l'article précédent.

Qui l'utilise

DISARM est adopté par un éventail d'acteurs aux motivations diverses :

  • Gouvernements : les agences de sécurité (ex. : FBI, MI6) l'utilisent pour contrer les campagnes étrangères, comme les prétendues ingérences russes lors des élections.
  • ONG et think tanks : des groupes comme l'Atlantic Council ou le Global Disinformation Index s'en servent pour surveiller les narratifs polarisants.
  • Entreprises tech : les GAFAM (Meta, Google, Twitter) intègrent DISARM dans leurs politiques de modération, souvent sous pression réglementaire.
  • Médias et agences de presse : certains collaborent avec DISARM pour valider les informations, renforçant les narratifs officiels. Ces acteurs, bien qu'hétérogènes, partagent un objectif : contrôler l'information pour maintenir l'ordre social ou protéger des intérêts (sécurité nationale, profits, réputation). Cependant, leurs motivations divergent : les gouvernements cherchent la stabilité, les techs maximisent l'engagement, et les ONG poursuivent des agendas idéologiques. Cette convergence d'intérêts crée un écosystème où DISARM devient un outil de pouvoir, souvent au détriment des voix marginales.

Frameworks - leurs usages partie 3 - le déploiment pour monitorer des tonnes de données

Comment est-il déployé ?

DISARM est déployé dans des contextes variés, mais son impact est particulièrement visible dans les crises sanitaires et politiques. Prenons le vote de l'obligation vaccinale en France, en juillet 2021. Le 12 juillet, le président Macron annonçait des mesures basées sur des assertions scientifiques – efficacité des vaccins, protection collective – démontées par le professeur Peter McCullough dans un debriefing de FranceSoir ( Analyse des assertions scientifiques d'Emmanuel Macron). DISARM a pu être utilisé pour amplifier le narratif officiel : les algorithmes des GAFAM, alignés sur ce cadre, ont dépriorisé les vidéos de McCullough, tandis que les fact-checkers, souvent liés à des ONG partenaires de DISARM, ont labellisé ses analyses comme « partiellement fausses ». Des campagnes de contre-propagande, comme des publicités pro-vaccins, ont saturé les réseaux, exploitant le biais de disponibilité pour ancrer la « sécurité » des vaccins.

Cette stratégie a marginalisé les critiques légitimes, taxées de désinformation, créant une vérité de groupe qui a influencé les parlementaires. Les inversions accusatoires – accuser les dissidents de manipulation – et les injonctions paradoxales – exiger la confiance sans transparence – ont renforcé ce contrôle. Par exemple, les sceptiques des vaccins ont été qualifiés de « menaces à la santé publique », une tactique DISARM qui polarise le débat au-delà de l'intérêt des patients. En 2022, des narratifs sur le conflit en Ukraine, comme les rapports sur les laboratoires biologiques, ont subi un sort similaire : DISARM a permis de les disqualifier comme « propagande russe », malgré des questions ouvertes.

DISARM, en exploitant les biais cognitifs comme le biais de disponibilité (répétition des narratifs officiels) ou de confirmation (adhésion aux consensus), agit comme des « fils barbelés », enserrant l'information pour imposer un ordre artificiel. Son efficacité repose sur sa capacité à coordonner les acteurs – gouvernements, techs, médias – dans un écosystème où l'information est filtrée avant même d'atteindre le public.

Mais cette coordination, si elle protège contre certaines manipulations, étouffe la dissension, essentielle à la vérité, comme le souligne l'article précédent. DISARM, loin d'être un outil neutre, redéfinit la vérité comme un produit du pouvoir, non comme une quête collective.

 Pollution informationnelle et biais cognitifs : les décisions biaisées

Si DISARM est un filet, la  pollution informationnelle est le courant qui charrie vérités et mensonges dans un même tourbillon. Cette pollution – surcharge d'informations, désinformation intentionnelle, narratifs contradictoires – brouille notre boussole, transformant l'information en un labyrinthe où les biais cognitifs deviennent des pièges. Comme écrit dans France-Soir, "l'information devrait être un pouvoir au peuple", mais elle devient une arme lorsque les cadres, comme DISARM, exploitent nos failles psychologiques pour biaiser nos décisions.

Les biais cognitifs sont des raccourcis mentaux, des réflexes qui nous aident à naviguer l'incertitude, mais qui nous trahissent sous pression. Le biais de confirmation nous pousse à croire ce qui conforte nos idées : en 2021, beaucoup ont adhéré aux narratifs vaccinaux, ignorant les alertes de scientifiques comme McCullough. Le biais de disponibilité surévalue ce qui est répété : les messages sur la « nécessité » des vaccins, martelés par les médias, ont éclipsé les débats sur leurs effets secondaires. L'effet d'ancrage nous fait accorder du poids à une première information, même fausse : les assertions de Macron, le 12 juillet 2021, ont servi de point de départ pour le vote de l'obligation vaccinale, malgré leur fragilité. Le biais d'autorité a amplifié cette erreur : les parlementaires, influencés par des experts officiels, ont suivi Macron sans exiger les contrats vaccinaux. Le biais de cadrage, où la présentation façonne la perception, a ancré l'idée que les vaccins étaient « la seule solution », occultant les traitements précoces. Le biais de surconfiance, où les décideurs surestiment leurs connaissances, a poussé à ignorer les données émergentes, comme celles sur les effets secondaires.

Les algorithmes des GAFAM aggravent cette pollution. En créant des bulles defiltrage, ils enferment les individus dans des échos de leurs croyances, renforçant le biais de confirmation. En 2021, les vidéos critiques de McCullough ont été supprimées ou déréférencées sur YouTube, tandis que les narratifs officiels dominaient. Ces algorithmes, probabilistes, amplifient les contenus polarisants pour maximiser l'engagement, comme les posts anti-vaccins ou pro-vaccins, fracturant le débat. En 2022, les narratifs sur l'Ukraine – laboratoires biologiques, origines du conflit – ont été filtrés par ces mêmes algorithmes, limitant les perspectives.

Ces technologies, souvent alignées sur DISARM, transforment l'information en un champ de bataille, où la vérité est une victime collatérale.

Cette pollution s'amplifie dans un contexte d'information en situation incomplète. Les parlementaires, en juillet 2021, ont voté sans accès aux contrats vaccinaux, comme le souligne Olivier Frot dans FranceSoir (Un contrat aussi favorable à l'industriel, cela me paraît anormal). Ces contrats, opaques, protégeaient les industriels, pas l'intérêt national. DISARM, en structurant l'information via des algorithmes, a amplifié le narratif officiel, marginalisant les critiques. Cette opacité a des conséquences systémiques : la perte de confiance publique, comme les manifestations contre le pass sanitaire, montre un rejet des narratifs imposés. Les inversions accusatoires – taxer les sceptiques de complotisme – et les injonctions paradoxales – exiger la confiance sans transparence – ont étouffé le débat, renforçant les biais. Le vote de 2021, biaisé par ces mécanismes, a servi des agendas industriels, pas la santé publique.

La pollution informationnelle, orchestrée par les cadres, n'est pas un accident : c'est une stratégie d'aliénation.

La « normatisation » de l'information : un consensus au service du pouvoir

L'information, dans un monde idéal, est une mosaïque de perspectives, un kaléidoscope où chaque éclat reflète une part de vérité. Mais les frameworks modernes, comme DISARM, transforment cette mosaïque en un miroir uniforme, reflétant une seule image : celle du consensus. La « normatisation » de l'information, orchestrée par les agences de presse, les algorithmes, et les cadres numériques, crée un narratif dominant qui pollue les esprits. Ce consensus, souvent artificiel, sert le pouvoir – gouvernements, industries, élites – au détriment du peuple.

Les agences de presse, comme l'AFP ou Reuters, sont au cœur de ce processus. Leurs dépêches, reprises par des milliers de médias, diffusent un narratif standardisé, des conflits géopolitiques aux crises sanitaires. En 2021, les messages sur l'efficacité des vaccins, relayés sans nuance, ont éclipsé les analyses critiques, comme celles de McCullough. Ce mécanisme repose sur des algorithmes de curation, qui priorisent les dépêches des agences dans les flux des réseaux sociaux et des moteurs de recherche. Par exemple, Google News, en mettant en avant les sources « fiables » comme l'AFP, marginalise les médias indépendants qui rapportent des perspectives alternatives. Ces algorithmes, probabilistes, s'alignent sur des cadres comme DISARM, renforçant le consensus.

Les fact-checkers aggravent cette « normatisation ». Présentés comme gardiens de la vérité, ils sont souvent financés par des entreprises tech (ex. : Meta) ou des ONG liées à DISARM, comme le Poynter Institute. En 2021, des fact-checks hâtifs ont disqualifié des thèses sur les effets secondaires des vaccins, ignorant des données émergentes rapportées par FranceSoir. Ces outils, en labellisant les critiques comme « fausses », agissent comme des relais de DISARM, uniformisant l'information. Leur ambiguïté – vérité ou censure ? – reflète le danger des cadres normatifs, qui privilégient l'ordre à la pluralité.

Les intérêts économiques sous-tendent cette "normatisation". L'industrie pharmaceutique, par exemple, a bénéficié des narratifs vaccinaux, « protégée par des contrats opaques », comme le note Olivier Frot. Les GAFAM, en alignant leurs algorithmes sur DISARM, maximisent leurs profits en évitant les régulations. Ces acteurs, en collaboration avec les agences de presse, créent un écosystème où l'information sert le pouvoir économique, pas la santé publique. En 2022, la couverture normée du conflit en Ukraine – minimisant certaines questions, comme les laboratoires biologiques – a protégé des intérêts géopolitiques, marginalisant les débats.

DISARM renforce ce consensus : en ciblant la « désinformation », il censure les voix divergentes, imposant une vérité de groupe. Le vote de l'obligation vaccinale illustre cette dérive : les parlementaires, noyés dans un narratif normé et privés des contrats, ont suivi un consensus qui a ignoré l'intérêt national. Ce consensus divise autant qu'il unifie : les débats sur les vaccins, polarisés entre « pro » et « anti », ont fracturé les sociétés, étouffant la nuance. La non-linéarité, source de créativité (article 2), est écrasée par cette logique linéaire, où une seule vérité prévaut. Les cadres, comme des ondes électroniques, capturent les esprits, transformant l'information en un outil d'alignement sociétal, non de quête de savoir.

McKinsey : les frameworks au service de la « normatisation »

Dans l'ombre des narratifs officiels, McKinsey & Company tisse des cadres qui structurent l'information avec une précision chirurgicale. Depuis 1926, McKinsey a perfectionné l'art des frameworks, du Budgetary Control (1922), qui harmonisait les décisions financières, au General Survey Outline (1931), qui standardisait l'analyse organisationnelle.

 researchgate.net

Dans les années 1970, des cadres comme la GE-McKinsey Matrix (segmentation stratégique), le Minto Pyramid Principle (communication persuasive), et le 7S Framework (alignement organisationnel stratégique) ont intégré des principes de persuasion, proches des modèles marketing (AIDA) ou des scripts de call centers.

Ces outils, en simplifiant l'information, ont façonné les stratégies de clients, mais aussi normé les narratifs.

Lors de la crise de la COVID-19, McKinsey a joué un rôle controversé, conseillant des gouvernements sur la gestion des campagnes vaccinales. En France, ses recommandations, basées sur des frameworks comme le Minto Pyramid Principle, ont structuré la communication officielle : messages clairs (« les vaccins sauvent des vies »), arguments sélectifs, et marginalisation des critiques. Ces conseils, facturés à prix d'or, ont amplifié le narratif normé, comme celui soutenu par DISARM, mais ont suscité des critiques, notamment sur les conflits d'intérêts avec l'industrie pharmaceutique.

France-Soir a pointé ces dérives, où l'intérêt public passe après les profits.

McKinsey, comme DISARM, illustre l'ambivalence des cadres : des outils d'efficacité, mais aussi des chaînes invisibles. En simplifiant la complexité, ils uniformisent l'information, marginalisant les vérités alternatives. Par exemple, McKinsey a conseillé des entreprises tech sur la modération de contenu, renforçant l'alignement avec des cadres comme DISARM. Ces partenariats, en structurant les narratifs, servent des agendas puissants, au détriment de la pluralité.

Les frameworks de McKinsey, en tissant des narratifs lisses, contribuent à l'éclos normatif, où la vérité devient un produit du pouvoir, non une quête collective.
Frameworks les usages partie 3 - Les framekorks utilisés en management 

La capture psychologique : vérités de groupe contre esprit critique

Si les frameworks sont des fils barbelés, l'esprit humain est leur prisonnier. Submergée par la pollution informationnelle, la population se retrouve capturée dans un éclos normatif, où les vérités de groupe remplacent l'esprit critique. Comme une vague qui s'écrase sans fin, les narratifs officiels, amplifiés par les biais cognitifs et les mécanismes pervers, maintiennent les individus dans un état de conformisme, loin de l'émancipation promise par l'information. FranceSoir, dans L'information, c'est le pouvoir au peuple, nous rappelle cet idéal : l'information devrait élever, non enchaîner.

Pourtant, les cadres modernes font l'inverse, transformant l'information en un outil d'aliénation.

La capture psychologique opère par des mécanismes subtils, mais puissants. Le biais de conformité, étudié par Solomon Asch, montre comment les individus adoptent l'opinion majoritaire par peur du rejet. En 2021, les citoyens, bombardés par des narratifs sur la « nécessité » des vaccins, suivaient souvent le consensus, même face à des données contradictoires, comme celles de McCullough. La peur, amplifiée par des messages anxiogènes – menace sanitaire, exclusion sociale via le pass sanitaire – a poussé à l'obéissance. Les injonctions paradoxales, comme exiger la confiance dans des contrats opaques, ont semé la confusion, décourageant le questionnement.

La stigmatisation a muselé les dissidents. Taxer quelqu'un de « complotiste » est devenu une arme : en 2021, des scientifiques, des citoyens, et même des parlementaires sceptiques ont été marginalisés, leurs doutes balayés comme des menaces. Cette dynamique s'est intensifiée avec les réseaux sociaux, où les algorithmes amplifient les accusations de complotisme, créant des campagnes de dénigrement. Par exemple, les comptes partageant les analyses de McCullough ont été signalés ou bannis, renforçant le conformisme. Cette stigmatisation, orchestrée par des cadres comme DISARM, divise la société, transformant le débat en une guerre de camps.

La capture psychologique

À long terme, cette capture a des effets dévastateurs : l'apathie sociale, où les individus renoncent au débat public, et l'érosion de la curiosité intellectuelle, où la quête de vérité cède à l'acceptation passive. Depuis 2021, la montée de la censure, perçue comme « normale » dans certaines démocraties, illustre cette apathie. Les manifestations contre le pass sanitaire, bien que nombreuses, ont perdu en vigueur face à la fatigue collective. Cette perte de curiosité, où les citoyens cessent de questionner les narratifs, est un triomphe pour les cadres normatifs, qui prospèrent dans l'indifférence.

Les parlementaires, lors du vote de juillet 2021, incarnent cette capture : influencés par un narratif normé, privés d'information complète, ils ont cédé au conformisme, trahissant l'intérêt national, comme le note France-Soir. Les cadres, comme des ondes électroniques, manipulent les biais – conformité, disponibilité, autorité – pour imposer des vérités préfabriquées. L'information, au lieu d'élever, devient un outil de contrôle, un éclos où  la non-linéarité et la dissension (article 2) sont étouffées.

Ce n'est pas l'information qui libère, mais une matrice qui emprisonne, où la quête de savoir est remplacée par l'adhésion aveugle.

Cette capture psychologique, amplifiée par les vérités de groupe, engendre une apathie sociale délétère, où l'individu, submergé par la conformité, renonce à questionner ou à reconnaître ses erreurs. Loin de favoriser une transparence qui libère, cette dynamique alimente une confusion paralysante, où les biais collectifs, renforcés par les algorithmes des GAFAM et leurs « règles de la communauté », privilégient l'émotion immédiate au détriment du slow thinking. Ces algorithmes, conçus pour capter l'attention, encouragent des réactions impulsives plutôt qu'une réflexion critique, piégeant les individus dans un écho rassurant, mais biaisé, semblable à l'illusion du Truman Show. Dire « NON» devient un acte de courage, car l'esprit critique, qui apprend de ses erreurs et s'affranchit du troupeau, est supplanté par la facilité émotionnelle et la peur du « qu'en-dira-t-on ».

Cette conformité, souvent masquée sous un vernis de rationalité, limite l'individu en le ramenant à une norme stérile, étouffant toute possibilité de divergence.

Cette apathie n'est pas seulement le fruit de normes sociales oppressantes, mais aussi d'un écosystème qui sanctionne l'erreur et valorise l'efficacité au détriment de l'imagination. Les managements intolérants à l'échec, les cultures obsédées par la performance et l'uniformisation des idées écrasent la diversité des façons de penser, essentielle à la créativité. Comme le souligne l'article, la créativité ne se préserve pas par des déclarations de principe : elle exige un effort conscient, cultivé dans les détails du quotidien, pour encourager l'expérimentation et l'apprentissage par l'erreur. À l'inverse, l'oubli de ces principes, exacerbé par des systèmes technologiques et sociaux qui privilégient la conformité, enferme l'individu dans une prison invisible où la vérité devient un produit négocié, et non une quête.

Refuser cette dérive demande de réhabiliter l'esprit critique, non comme un simple outil, mais comme un acte de résistance face à la paralysie collective.

Sortir de l'éclos pour retrouver la vérité

Les frameworks modernes promettent de guider dans l'océan chaotique de l'information. Mais, comme des fils barbelés, ils capturent les esprits, imposant des vérités de groupe qui biaisent les décisions et étouffent la connaissance. Les modèles de décision révélant un monde trop complexe pour les schémas linéaires sont une porte ouverte pour une exploitation perverse et détourner de son intention originelle des cadres comme DISARM, soutenus par les conseils d'acteurs comme McKinsey, exploitent les biais cognitifs – conformité, disponibilité, autorité, cadrage – pour normer l'information. Le vote de l'obligation vaccinale en juillet 2021, basé sur des assertions fausses et des données incomplètes, illustre cette dérive : les parlementaires, capturés par un narratif officiel, ont cédé au conformisme, trahissant l'intérêt public. L'information devrait donner le pouvoir au peuple et non une arme aux puissants.

Pourtant, dans ce chaos, il y a de l'espoir. La dissension, l'esprit critique, et la non-linéarité sont des flammes qui peuvent percer l'éclos normatif. En défiant la peur, en rejetant la stigmatisation, en questionnant les vérités imposées, nous pouvons redonner à l'information son pouvoir d'élever. Le prochain article explorera comment résister à ces cadres, en cultivant la liberté et la créativité pour briser les fils barbelés.

D'ici là, souvenons-nous : l'humain n'est pas une machine, ni un rouage d'une matrice. Il est une vague, un chaos magnifique, et c'est dans ce désordre qu'il peut retrouver la vérité.
Frameworks partie 3 - L'humain n'est pas une machine

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newsnet 2025-05-09 #14781

ces références à Sun Tzu, et cette définition de la normalisation, ne sont pas sans évoquer notre livre  Logiciel Mental